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Faire germer ses idées avec le BPC40

Pour se convaincre de l’utilité du Budget Participatif Citoyen des Landes (BPC40), il suffit de pousser la porte de Ma Maison Bleue, à deux pas du centre-ville de Mont-de-Marsan. Imaginé par Eugénie Larrivière, maman d’un petit garçon autiste et fondatrice de l’association Le chant de l’herbe, c’est un lieu de répit pour les parents et de jeux pour les enfants. Les adultes y reçoivent écoute et conseils autour d’un café ou se détendent dans l’espace bien-être avec de la sophrologie et des massages. Pendant ce temps, les petits – de 2 à 12 ans – s’amusent avec des jeux adaptés à l’intérieur comme dans le grand jardin, déploient leur imaginaire dans les ateliers créatifs ou s’apaisent sous la lumière tamisée de la salle sensorielle. Dans la cour ensoleillée, la maîtresse des lieux savoure l’accomplissement de son projet : « On était parti sur l’idée de l’autisme mais, comme on prône l’inclusion, on s’est progressivement ouvert à tous les types de handicaps ».

Un calendrier rallongé

Ce « havre de paix », pour reprendre les mots de Xavier Fortinon, a été un des 33 lauréats du 1er Budget Participatif landais en 2019. Le président du Département ne cache pas sa satisfaction d’en lancer la 3e édition dans un lieu qui « fait écho aux politiques que l’on mène en faveur des personnes confrontées de près ou de loin au handicap et notamment à notre projet à destination des 15-25 ans porteurs de troubles du spectre de l'autisme ».

Au moment d’ouvrir cette nouvelle campagne, l’élu mimizannais revient sur ce qui continue de guider le BPC40 : « la volonté de rapprocher les acteurs publics de leurs concitoyens ». « La deuxième édition marque toujours une baisse », note-t-il, en se référant aux exemples similaires, pour relativiser les 10 000 votants de moins en 2021 par rapport à la version inaugurale de 2019, tout en soulignant que la mobilisation est restée très conséquente avec 42 000 suffrages exprimés. Des retouches ont néanmoins été apportées au calendrier du BPC#3 : « on a laissé une durée plus longue pour déposer les idées et les analyser ».

Quelques modifications

Par définition, une telle expérience de démocratie participative est « quelque chose de vivant, qui évolue », explique le président du Département pour justifier les petits aménagements apportés à cette 3e édition. Sollicitée sur quelques points du règlement, la Commission citoyenne, qui s’est réunie le 23 avril, en a conservé la plupart des principes de base : un budget total d’1,5 M€, dont au moins 150 000 € alloués aux « projets jeunes » ; 3 « projets exceptionnels » d’un montant compris entre 70 000 € et 100 000 €; au moins 2 lauréats – dont 1 « projet jeune » - par canton, pour garantir l’équité territoriale.

Les modifications portent sur les « projets jeunes », désormais réservés aux 7-17 ans, accompagnés d’un majeur référent (contre 7-20 ans). Leur montant ne pourra excéder 50 000 €, sans doute pour tempérer l’effet pumptrack qui avait monopolisé les trois plus gros budgets de la précédente édition. Enfin, un dernier ajustement concerne les « petits » projets, inférieurs à 15 000 €. Le nombre minimal de lauréats issus de cette catégorie avait été fixé à 30 lors du BPC#2. Du coup, « ils avaient représenté plus de la moitié des vainqueurs, ce qui nous a poussés à abaisser ce nombre minimal à 20 », explique Tiphaine Chatton, responsable du service Démocratie participative et Innovation au Département des Landes.

Un vote 100 % numérique

La phase de vote est prévue du 22 février au 22 mars 2023. Afin de mieux sécuriser la procédure, le Département a fait le choix de supprimer le vote papier dans les urnes. Une décision difficile à prendre, quand on sait que le numérique rebute encore bon nombre de concitoyens, notamment les plus âgés. « On va beaucoup travailler la pédagogie, on va se déplacer et on mettra à contribution nos partenaires pour accompagner les gens. Les médiathèques, les Ehpad et les communes travailleront avec nous », rassure Tiphaine Chatton. À ses côtés, Xavier Fortinon rappelle que le vote électronique était majoritaire lors des précédentes éditions.

D’utiles conseils

Pour cette conférence de lancement, d’anciens lauréats sont venues témoigner des vertus de l’obstination. Basées à Moustey, la ressourcerie généraliste Alteco et la recyclerie des matériaux du bâtiment Bathestia avaient toutes deux échoué lors du premier BPC. Elles se sont unies sous la bannière A24R pour porter un projet d’atelier de création à partir d’objets abandonnés et de déchets de la construction sauvés de la benne. Et, à leur grande surprise, « alors qu’on avait un peu laissé faire les choses » avoue Karine Lecuona, leur idée a séduit 544 votants. La représentante d’Alteco, motivée par « l’idée de créer du lien social supplémentaire », conseille aux futurs candidats « d’être le plus concis et précis possible car ce n’est pas évident de trouver un titre et une accroche qui donnent une idée concrète du projet ».

Au collège Danielle-Mitterrand de Saint-Paul-lès-Dax, l’idée est partie d’une poignée d’élèves qui voulaient déminéraliser la cour de l’établissement et « œuvrer, à leur petit niveau, à la protection de l’environnement », résume Sylvain Tardy, leur professeur de SVT. Recalés au BPC 2019, ils ont peaufiné leur projet : plantation d’arbres, végétalisation des abords, installation d’hôtels à insectes et construction d’une serre potagère. Ils se sont structurés en nommant des éco-délégués et ont obtenu l’adhésion de leurs camarades, de la direction et de la communauté éducative. « Être dans la catégorie « projets jeunes » nous a aidés », croit deviner Paul, désormais en 3e et qui ne verra dons pas les travaux prévus pour la rentrée 2022. Qu’importe, selon M. Tardy : « ils vont quitter le collège en ayant pleinement conscience de l’avoir amélioré pour le bien de leurs camarades. Cela a créé une dynamique ». « On veut en faire une culture d’établissement », abonde Amandine Poser, la principale adjointe.

Du haut de ses 8 ans, Ximun rêvait d’un fronton dans son village de Lucbardez-et-Bargues « pour se retrouver avec les copains, partager et jouer ». Avec sa grande sœur Nahia et ses parents, ce fan de pelote basque a distribué des flyers, embarqué ses amis et convaincu des projets de villages voisins de soutenir le sien. Maintenant, il regarde les devis pour l’emplacement du fronton et il a même participé à la commission travaux. Une formidable expérience éducative pour un gamin dont le pouvoir de persuasion semble redoutable : « 5 ou 6 de ses copains veulent porter comme lui un béret à l’école », sourit sa maman.